vendredi 11 juillet 2014

Une petite aventure européenne

C'est le premier article que j'écris sur un smartphone et je pense que je serai saoulé avant d'avoir terminé (si la batterie ne rend pas l'âme avant moi)
Mais peu importe, essayons.
Je suis dans un avion de la compagnie Neos Air et c'est l'un des pires vols de ma vie.
Les sièges sont si étroits que je suis obligé d'avoir les bras collés le long du corps. Pas aidé par le fait d'avoir à ma droite, une femme obèse, et à ma gauche, un mec plutôt à jour niveau muscu.
Pour couronner le tout, la compagnie a eu la bonne idée de ne pas nous mettre d'écran personnel. Ce qui, pour un long courrier, lorsque l’on n’est pas préparé, est assez dur psychologiquement parlant. C'est vraiment la crise en Italie!
Et niveau préparation, on peut dire que je ne suis pas tout à fait au point...recadrons un peu tout ça.
Après 11 mois passés au Mexique, je me suis pris le luxe de trois semaines de vacances en France. J'entends déjà crier ceux que je n'aurais pas prévenus et que je n'aurais donc pas vus. Ce fut la course tout le temps et je n'ai passé que deux semaines à Paris. Il était en effet important pour moi de voir ma famille dans le centre et le sud de la France. 
Je n'avais prévenu personne et j'ai attendu de voir comment se répandait la nouvelle et qui manifesterait le désir de me voir. Vous auriez vu la tête de ma maman! J'ai donc en grande partie laissé faire le hasard. (Et fait ma star oui oui oui)
Le fait d'avoir un salaire aux normes mexicaines plus que françaises m'a forcé à voyager (presque) uniquement en stop. Moyen de transport que j'avais déjà pas mal pratiqué il y a un an.
C'est une pratique que je recommande à toute personne n'ayant pas peur d'engager la discussion avec des inconnus et pouvant se permettre de perdre 40% (voir plus bien entendu) du temps normalement nécessaire en voiture. Il faut être prêt à vivre quelques imprévus. Mais globalement, s'il est beaucoup moins pratiqué qu'il y a quelques années, il reste encore des anciens stoppeurs qui seront ravis de rendre la pareille. Et quelle aventure !
Je suis par exemple remonté d'Auvergne, en passant par la Bourgogne, jusqu'à Paris, et suis redescendu jusqu'à Marseille. La sortie de Paris fut quelque peu difficile (une heure et quelques porte d'Italie) et je me suis vu pester contre ma propre ville. C'est d'ailleurs un bourguignon qui m'a finalement mis sur la route.
Il y a quelques règles à respecter pour que le stop soit efficace et je me ferais un plaisir de vous les donner si vous me les demandez.
Pour ne pas faire un pied de nez au service que je défends, et pour lequel je vais continuer à travailler au Mexique, je tiens à préciser que le covoiturage (sisi www.rides.com.mx) reste un moyen de transport plus confortable et plus sûr (et le train, plus propre!)
En stop, vous êtes presque assuré d'avoir à faire à des personnes curieuses et qui auront envie de parler.
Je pourrais faire un portrait de presque toutes les personnes qui m'ont ramassé sur le bord de la route. J'entends par là que c'est généralement des rencontres intéressantes. Vous y retrouverez peut être l'une de vos connaissances. Le monde est si petit! Mais je suis à peu près sûr que peu d'entre vous prendraient le temps de lire ces lignes.
La fin de mon voyage à destination de Marseille avait été un peu plus dure. Je crois que les sudistes prennent un peu moins. Ma sortie d'une ville dans le Var en direction de l'Italie n'a fait que confirmer mes craintes. Je suis parti à 10h de Brignoles, avec comme objectif Parme en Italie. J'étais pressé de retrouver des amis italiens qui pouvaient m'héberger avant que je finisse ma route jusqu'à Rome, d'où s'est envolé mon avion.
Après un début quelque peu difficile, j'ai finalement réussi à atteindre Savona sur la côte Nord de l'Italie. J'ai été bien aidé par la grève de Corsica Feries et d'un flux exceptionnel de toutes les personnes qui devaient prendre un ferry à Nice, et qui ont finalement dû aller en Italie. L'effet papillon...
En ce qui me concerne c'est un jeune qui s'apprêtait à commencer son premier boulot à Bastia, dans la conservation du littoral corse, qui m'a fait faire ce bout de chemin.
Mais rien ne me préparait à connaître le stop en Italie. Les italiens ne sont pas habitués à voir des stoppeurs, et encore moins à les prendre.
À Savona, j'ai donc commencé par galérer deux heures à une entrée de péage. Pour finalement être pris par un routier et parcourir une soixantaine de kilomètres.
Un sacré numéro qui s'est fait voler toute sa fortune par son ex-femme. Jadis propriétaire d'une villa, une Porsche, et une Audi TT, il avait déclaré que tout était à sa femme, pour échapper à un contrôle fiscal (le gros malin !). Cette dernière s'est barrée avec tout son argent dans un paradis fiscal en lui laissant leurs deux enfants. S'il était doté d'un bon œil pour choisir les stoppeurs (héhé), cela ne devait pas être le cas pour ses copines...
Passé ces kilomètres, il m'a laissé sur un nouveau péage (ayant raté la station-service avant sa sortie), me rassurant quant aux nombres de personnes allant dans ma direction.
S'en sont suivis plus de deux heures de galère où j'ai voulu m'arracher les cheveux plusieurs fois.
J'avais déjà 50minutes de retard sur la fourchette pessimiste que j'avais donnée à mon ami parmesan, et n'avais aucun moyen de le joindre.
Je me voyais mal passer la nuit sur cette entrée d'autoroute de Genova.
S'est alors arrêté une voiture, avec à son bord une mama italienne de 46 ans et un de ses collègues. Après leur avoir fait comprendre que je ne parlais pas italien, elle m'a demandé si cela m'intéressait de faire une cinquantaine de kilomètres dans ma direction. J'acceptai avec grand plaisir. Pourvu que je sorte de ce satané péage!
À bord, je lui racontai mes mésaventures et le fait que je n'étais plus très sûr de pouvoir arriver à Parme le soir même. Elle seule parlait en effet espagnol/anglais. Elle me soumit l'idée de prendre le train. Nous irions donc à la gare à l'arrivée. Je me tue le reste du voyage pour ne pas les déranger.
Arrivé après le dernier train il me fallait attendre le lendemain, 4h20 du matin. Comprenant bien que cette nouvelle ne m'enchantait guère, elle me proposa d'aller avec eux au concert de M. Ward pour lequel ils s'étaient déplacés, puis de rentrer dormir chez elle à Genova pour prendre le train de là-bas, et ne pas avoir à dormir dans une gare.
J'acceptai, un peu gêné, mais à la fois ravi des rencontres qu'il m'est donné de faire (et de la chance que j'ai!). Voilà le stop, c’est rencontrer des personnes pas comme les autres !
Il fallait juste qu'elle en informe son mari et sa petite fille, une colombienne de 10 ans qu'elle avait adoptée un an et demi auparavant.

Chose faite, nous nous dirigions vers le concert, dans un amphithéâtre, qui ne manquait pas de souligner le côté romain (en plus récent, j'en conviens). Ils m'invitèrent, malgré mes réticences.

Je reposai enfin mon esprit et me laissai allé à profiter de la musique et à l'ambiance aux sonorités italiennes, qui ne m'était pas familière.
Après ce concert, conclu par une reprise d’Elvis, nous partîmes manger une glace. C'était la deuxième de ma vie sur le territoire italien. Sans doute aidé par le fait que je n'avais rien avalé depuis une bonne dizaine d'heures, elle me fit l'effet d'être la meilleure que j'eu jamais mangée.
Je dormis ce soir-là dans un lit quatre étoiles, celui de la belle-mère. Au matin, je fis connaissance de la fille de ma bienfaitrice, avec qui je partageai un petit déjeuner, avant de passer la matinée à visiter la ville. Mes bagages m'attendaient au théâtre dans lequel ma mama génoise travaillait. Toute l'administration me reçut le plus chaleureusement du monde; sans doute amusé de la bonne action de l'une de leurs collaboratrices.
Je profitai du calme régulier du train, et de l'assurance de mon arrivée à temps à ma ville de départ (d’avion), pour lire tout le long du trajet.
Arrivé à Rome à 18h et n'ayant trouvé aucun couchsurfeur pour accepter de m'héberger, je me résignai à passer la nuit à l'aéroport. Mais avant cela, je passai manger une pizza italienne et une dernière glace, presque aussi bonne que la première.
Après près de 8km parcourus à pied, chargé de mes 30kg de bagages (si si j'ai pesé...en mode entraînement de Goku pour les intimes), c'est avec nonchalance que je me dirigeai vers la gare termini sur les coups de dix heures. (La serveuse de la pizzeria m'ayant annoncé qu'il y avait des métros reliant à l'aéroport jusqu'à minuit)

C'est en catastrophe que j'arrivai finalement sur le quai, une minute avant la fermeture des portes du dernier train-navette. Le monsieur de trenitalia, d'emblée énervé malgré mon air catastrophé, me dit qu'il me fallait avoir un billet (au coût de 14€). Sinon je devrais payer mon billet à bord pour un supplément de 50€. Je n'avais clairement pas le temps de "courir" (les bagages...) au guichet le plus proche et l'amende valait plus que n'importe quel petit hôtel romain. Je m'apprêtais donc à renoncer à ma douce nuit aéroportuaire quand un autre passager sorti de l'embrasure de la porte, et me glissa de ne pas écouter le mec de trenitalia.
« He's a "jerk" », he said. « Le supplément n'est en fait que d’un euro et cela m’est déjà arrivé de le payer trois fois à bord. »
Il ne m'en fallu pas plus pour me décider à sauter dans le train. Les fameuses "3' decisions"...
Le train émet un sifflement et l'homme de trenitalia monte, en sortant son appareil de contrôle des billets. Mauvaise décision...
"Donc ce sera 64 euros, s'il vous plait" S'en suit une discussion entre le passager et l'employé, ce dernier étant, bien évidemment, encore plus énervé qu'à mon arrivé sur le quai.
C'est au troisième hurlement de "lyer" que d'autres passagers décident de s'en mêler. Tout le compartiment compatit et prend ma défense, invitant l'employé à se calmer: "mettez-vous à sa place", "faites preuve d'humanité". Certains me conseillent déjà de payer.
L'employé me demande mon passeport. Je refuse; présente ma situation: "50€ c'est un neuvième de mon salaire. Laissez-moi payer un billet pour le prochain train, je vous en prie."
Rien n'y fait, le contrôleur fait preuve d'un manque d'empathie totale. Après avoir insisté plusieurs fois, fatigué d'entendre la même rengaine, il décide d'appeler la police, qui me cueillera à ma sortie du train.
Le mec responsable de ma mauvaise décision se barre, en me glissant de ne rien lâcher. L'employé savoure le fait de me voir abandonné par ce monsieur.
Mais je ne suis pas seul. Dans les passagers venus se mêler à "l'animation" se trouvent une franco-éthiopienne, vivant en Italie depuis 4 ans, et un camerounais, joueur de foot professionnel. Tous les deux parlent italien (surtout la première).
La policière relève les informations de mon passeport mais dit à mes défenseurs que cela n'ira pas plus loin. Début de nuit plutôt agitée, que nous avons continué jusqu'à au moins 3h du matin à discuter, et à pas mal rigoler.
J'ai malheureusement eu le sommeil trop profond pour entendre partir la première et n'ai pas eu le courage de noter une quelconque manière de contacter le second quand il m’a dit au revoir.
Ce sont de belles rencontres qui me donnent toujours plus envie de voyager. L'éternel problème revient constamment: le suivi dans les relations, on fait comment?

Je "finis" cet article avant d'enchaîner une seconde nuit dans un aéroport. Celui de Cancun cette fois...avant de rejoindre Mexico demain matin. Il est 22h26 au Mexique, 5h27 en France. J'aurai encore réussi à échapper au décalage horaire! Vive les nuits à même le sol !

jeudi 9 janvier 2014

Une journée C’stinantesque

J’avais l’envie de vous décrire une journée comme celle-ci, afin que vous ayez un aperçu de mon quotidien.

Je me réveille à cause d’une envie pressante. J’ouvre les yeux et réalise alors que les bruits de musiques festives (commerciales puis minimales) de la veille ont cessé. Je passe en effet une nouvelle nuit dans mon combi et les constructeurs Volkswagen n’avait pas dû penser à l’insonorisation. Il fait encore nuit mais la lueur du jour se fait sentir. J’en déduis qu’il est aux alentours de 6h. Il fait frais mais pas froid et sors donc en short et en sandales pour trouver un terrain vague.
J’ai comme projet du jour de passer la frontière du Belize et de revenir afin d’obtenir un nouveau visa de 6 mois. L’idée est partir de Tulum, où je suis actuellement, pour rejoindre Chetumal, qui borde la frontière. N’ayant pas de carte bleue et du liquide limité à ce que ma sœur a pu me donner avant de prendre l’avion, je compte essayer d’y aller en stop.
Je vois plusieurs poids lourds passer sur la route principale et me dis que ce serait peut-être le moment d’y aller. Puis je m’avise. Il serait mieux d’attendre que le jour soit levé afin de pouvoir manger autre chose que la banane qui m’attend dans la voiture. Je pars donc me recoucher.
Cette fois-ci, c’est la pluie qui me réveille. Mince alors, la voilà de retour ! Les habitants du coin ne se rappellent pas avoir connu un « hiver » (il fait tout de même 25), aussi pluvieux. Ne désirant qu’à moitié faire du stop sous la pluie, j’attends qu’elle cesse. En vain. J’en profite tout de même pour consulter mes mails. Je me rends compte que je viens de recevoir une réponse de l’un des organisateurs d’un festival auquel je désire aller, à qui j’avais proposé mon aide. Il pourrait en avoir besoin dès aujourd’hui et sinon demain et après-demain en échange de quoi il me promet un ticket.
Ma motivation pour être de retour le jour même augmente un peu plus. Je ne peux rester là à attendre que la pluie tombe indéfiniment. Après avoir laissé les clés de mon combi à un futur compagnon de route, je me décide donc à me mettre en route, torse nu et en maillot de bain – ce afin de sécher plus vite – et mon sac à dos tant bien que mal protégé par un sac plastique.
La pluie tombe drue mais peu importe, je m’avance, confiant, sans m’arrêter devant le terminal de bus. Après avoir marché 2km en dehors du village, je rencontre un mexicain qui me donne un spot pour avoir une chance de trouver un ride. Il me précise au passage, qu’au mieux, ils me laisseront à 15km de la ville à une déviation, car peu de personnes font ce trajet.
Le festival en tête, je décide donc de prendre plutôt un bus et de repousser ce projet de stop au retour, en fonction du temps qu’il me restera. J’arrive donc trempé au terminal et commence à faire la queue, relativement importante. Un bus pou Chetumal m’est annoncé par un employé dans 3 minutes. Ni une ni deux, je demande la permission de passer au premier de la file et saute dans le bus. Je n’aurais au moins pas eu le regret de m’être retardé. Il est 10h30.
En m’installant, mon voisin commence à me parler. Il me dit qu’il est garde du corps, qu’il protège des députés à Chetumal. Il était en vacances à Cancun où il a beaucoup fait la fête. En l’espace de 10 min, il me parle des culs/corps des filles 4 fois – pour me décrire les fêtes, lorsque je lui demande comment est Chetumal, s’il est déjà allé au Belize, et quand il apprend que je suis français [mesdames, des intéressées ?]. C’est devenu mon meilleur ami !
Enfin, je l’ai donc laissé rejoindre Morphée et ai continué Entretien avec Chomsky (vous l’avez lu ?! Non ? Lisez-le !] Le voyage se passe sans encombre. Au terminal d’arrivée, je me renseigne sur les différents moyens d’aller à la frontière – taxi ou « un camion, dans le centre je crois ». N’ayant finalement même pas eu le temps d’avaler autre chose que cette fameuse banane, je décide de demander une carte et de rejoindre le centre en faisant un crochet par le marché.
J’y mange un tamale, sorte de beignet vapeur à pate de mais, fourré au poulet et un empanada de queso, accompagné d’un jus d’orange frais. Les trois miss du restaurant chuchotent entre elles et l’une d’elles rougit outrageusement lorsque je lui demande d’où partent les camions pour Belize. Je suis finalement remercié par un « ravi d’avoir fait votre connaissance » - surement pas ce dont me parlait mon ex-voisin de bus.
Les bus partent en fait du nord, à trois pâtés de maison du terminal duquel je suis arrivé. J’en ai pour ma part marché bien 20. Peu importe ! J’arrive là encore trois minutes avant que le prochain parte. Il est 15h30.
Le bus est somptueux, tout droit sorti d’un autre temps. Je rencontre dedans un australien qui fuit le mauvais temps, alors qu’il est arrivé à Cancun il y a deux jours. Cela me permet de dérouiller un peu mon anglais avant d’affronter les douaniers du seul pays d’Amérique Centrale dont la langue officielle soit encore l’anglais – bien que la majorité de la population parle l’espagnol.

25 minutes plus tard, nous sommes débarqués au poste de frontière. Je dois m’acquitter d’une taxe de sortie de territoire de 306 pesos. L’australien me demande si je sais s’il y a des frais d’entrée sur le territoire de Belize. Je n’espère pas !

Au poste de police, ça va, mon anglais est fluide. A la question « Combien de temps comptez-vous rester sur notre territoire ?» Je réponds fièrement « Moins d’une heure j’espère ». Grave erreur ! Le douanier me dit que cela ne fonctionne pas comme ça. Il m’apprend que je suis tenu de rester minimum 72h sur le territoire. Il n’a que faire de mes obligations. Ou plutôt non, il propose de me faire passer en l’échange de 100 dollar US. Je râle... Je n’ai pas cette somme là – on m’a volé ma carte... Après avoir refusé de lui donner un prix de mordilla, il sort de son poste et va faire une photocopie de mon passeport. Je me demande s’il va finalement me laisser passer. Mais il a l’air aussi déterminé que moi. Il va voir son collègue dans le poste voisin en lui expliquant ce que je veux faire. Je réalise qu’il lui parle en espagnol. Je décide donc de changer de langue. On ne sait jamais. Au cas où il n’aurait pas compris que je n’étais pas un gringo (qui ont souvent droit à un traitement « privilégié » ici). Rien n’y fait. Je suis désormais seul avec son collègue. Je lui dis que je serai ravi de visiter Belize, que c’est même dans mes plans. Mais que cette fois-ci, j’en ai juste pas le temps.
Il me dit que cette obligation de 72h est réglementée par la loi, et que celle-ci ne peut être contournée ; que s’il me donne mon tampon d’entrée, il sera automatiquement annulé à ma sortie. Amèrement, je lui fais remarquer que s’il y a une loi, je comprends mal comment l’on a pu me proposer de passer en l’échange de 100 dollars. Il scille et me demande qui m’a dit ça. Ne sachant pas quel accord existe entre ces deux employés et ne voulant pas me mettre davantage dans des embrouilles, je me contente de fusiller du regard son collègue et laisse passer.
Il me renvoit donc du côté mexicain. Ce ne sont pas ces affaires. Il me dit que tous les postes belizéens ont reçu la photocopie de mon passeport et qu’ils ne me laisseront pas passer si je ne montre pas une réservation de trois nuits dans un hôtel. Je pars donc enragé, en lachant un « Fuck them » devant une famille de touriste à l’air peu rassuré, sans doute après avoir assisté à une partie de la scène.
Me voilà donc en zone internationale, à marcher jusqu’au poste de frontière mexicain. J’oscille entre « adieu festival » et « allez mes amis mexicains, laissez-moi passer » ou encore « c’est quoi votre prix à vous ? », bien que mon éthique est tout à fait contre ce genre de pratique.
Arrivé au poste de frontière pour piéton, le douanier me demande si je viens de Belize. Je laisse un blanc comme toute réponse. Il feuillette mon passeport et ne trouve évidemment pas de tampon du Belize. Il me dit qu’il ne peut pas me laisser passer si je n’ai pas de tampon de leur part. Je lui explique mon histoire, tout en m’appliquant à descendre le prix annoncé à 50 dollar US par mesure préventive. Le mec s’énerve et ne veut rien savoir. Il me dit que le douanier ne me faisait pas payer cher, que normalement, c’est le triple. Il me dit d’aller voir le poste de frontière réservé aux voitures, par lequel je suis entré. Il parait qu’ils me redonneront mon récépissé de sortie du territoire. C’est pas tout à fait ce que je veux mais enfin...je m’y dirige. Je repasse devant le poste de frontière du Belize par la même occasion et renonce à l’idée de proposer 400 pesos (soit 25€) au douanier.
J’arrive rapidement dans une zone où il est très clairement indiqué que les piétons sont interdits. Mais enfin, les cinq voitures qui passent à qui je demande de m’embarquer ne font même pas mine de ralentir. Je continue donc, bien déterminé à voir ce qu’ils m’y diront. Après tout, je ne fais rien de mal, je ne travaille même pas au noir au Mexique ! Et je compte investir un peu de mon temps et de mon argent..!
Au bout d’un kilomètre de zone « anti-piéton », j’aperçois l’une des voitures qui est passée devant, stationnée sur le bord. Le mec me dit qu’ici, c’est pour les voitures. Je lui explique que j’ai été renvoyé là et que je n’ai pas trop le choix. Il me dit de monter. Je lui raconte un peu mon aventure. Méfiant, je garde la version des 50 dollars US avec lui. Après tout je ne sais pas ce qu’il fait dans la vie. Il rigole quand il entend cette somme. « Dollars ? Non normalement c’est 50 pesos ! », j’y crois moyennement mais ce me donne bon espoir de m’en sortir pour moins que j’espérais.
Nous descendons de voiture. Il me dit que lui, il en paye jamais parce qu’il a sa carte d’identité. Oui merci... Je le suis. Il montre sa carte au douanier et lui dit que je suis français, tout en attrapant le formulaire d’entrée sur le territoire. Il me dit d’aller le remplir et d’aller au poste suivant. Lui  reste à parler au douanier. C’est bizarre mais je suis déjà content d’avoir ce bout de papier – officiel mais vierge dans les mains. Je sors un stylo et le rempli soigneusement, puis vais me présenter devant la douanière. Elle le lit, regarde ma photo et mets des coups de tampons sur les deux parties du formulaire. Mon cœur s’accélère ! Plus qu’un allez, plus qu’un ! Elle ouvre mon passeport, le feuillette. Trop de pression. Tel un enfant devant une scène de film qui lui fait peur, je baisse la tête dans mon sac et fais mine d’aller ranger mon stylo dans mon sac à dos.
J’entends le « chlac clac » libérateur du tampon qui s’abat sur ma page de passeport – juste à côté de celui que j’avais eu pour ma première entrée. Je restreins l’envie de lui envoyer un grand sourire et me dirige vers la sortie et le contrôle des bagages.
Je m’offre le luxe d’avoir une discussion de courtoisie avec le douanier. La pression redescend mais elle est encore là – je la sens notamment lorsqu’il me demande si je viens de Belize. Un mm mm relativement vague en guise d’acquiescement. Il ne devrait pas avoir à regarder mon passeport mais si jamais, on mettra ça sur le compte de mon incompréhension. Il m’indique un siège pour attendre mon bus pour Chetumal. Mon bus ? Heu je feins un « je pense qu’il est parti sans moi. Je lui ai demandé de descendre à la frontière. Mais il y en a d’autres qui repassent, n’est-ce pas ? » Finalement je vois arriver un groupe de touristes. Je commence la conversation avec l’une d’entre elle qui me dit qu’ils se dirigent vers le terminal de Chetumal. Il paraît qu’il leur reste une place. Soixante pesos – trois fois ce que j’ai payé à l’aller. Je me dis qu’ils se sont un peu fait avoir mais mon envie de quitter cet endroit est bien trop forte. Je leur emboite le pas et vois enfin la frontière s’éloigner peu à peu. OUF !
Je discute un peu avec elle – c’est en fait une québécoise. Je peux arrêter mon ponçage de l’anglais. Elle a une réservation à Playa del Carmen. Elle repart dans deux jours et veut profiter de la plage jusque-là. A mon humble avis, il vaut mieux dans ce cas aller à Tulum. Si lorsque nous sommes arrivés il y a dix jours avec ma famille, il était très difficile d’y trouver un hôtel, [Vous vous rendez compte que certains hôtels étaient pleins depuis mai dernier ?!], le village s’est désormais vidé et il est assez simple de trouver un dortoir pour 150 pesos (9,3€). S’apprêtant à payer deux fois plus à Playa pour retrouver une ambiance BPM qui ne lui convient pas, elle décide de me suivre.
Je me retrouve donc dans le bus – encore un qui partait 3 minutes après. Il est 20h50 et ainsi va la vie de viajero que j’affectionne tant. J’espère que vous avez passé un agréable jeudi de votre côté !

jeudi 2 janvier 2014

Tu fais C'stin? - Petit point


Cela fait tellement longtemps que je n’ai pas écrit que je ne me rappelle pas ce que je vous avais dit en dernier. Je vois à mon grand regret que je n’avais même pas fini de vous raconter mon périple avant mon arrivée à Mexico.

Nous sommes le premier janvier, je ne terminerai certainement pas cet article ce soir car comme beaucoup d’entre vous je me suis couché tellement tard qu’il était tôt et que je suis assez fatigué. Pas que j’ai pris de bonnes résolutions pour cette nouvelle année qui s’annonce excitante mais je voulais répondre à l’appel du pied que m’ont fait certains d’entre vous. Cela fait plaisir de savoir quel l’on est lu avec plaisir. Je m’excuse de ne pas avoir été plus présent mais c’est que l’université a pris le pas sur le voyage et le temps des devoirs sur les temps d’écriture. Je sais par ailleurs que je n’ai pas répondu à certains mails ou que je ne vous ai pas forcement beaucoup appelé et je le regrette encore plus. Mais si j’avais d’ores et déjà horreur des regrets, j’ai pu apprendre au cours du seul cours qui m’ait intéressé ce semestre à vivre encore plus le moment présent.
C’est donc pour ça que cette fois-ci je ne reprendrai pas le récit de mon périple qui s’est passé il y a déjà quatre mois. D’autant plus que l’eau a coulé sous les ponts et que bien heureusement pour moi, je pourrais vous en raconter quelques-uns que j’ai fait depuis qui pourraient tout aussi bien prétendre à vous faire voyager. Mais cet article ne sera pas tant descriptif que récapitulatif de ces derniers mois. Une façon pour moi de faire et de mettre un point à cette belle année 2013. Des points bien sûr qui resteront en suspension.
Je suis actuellement de retour à Playa del Carmen, ville où, si vous vous souvenez bien, a commencé mon histoire mexicaine. Si ce n’est pas le moment de boucler la boucle, cela s’y prête tout de même assez bien, vous l’avouerez.
L’année 2014 annonce ma fin de vie estudiantine  et je crois que ce dernier semestre a correctement rempli son rôle. Le fait de ne pas avoir appris grand-chose en cours m’a soufflé que j’étais sans doute prêt à affronter me vie professionnelle. Vivre à Mexico m’a apporté ce que je désirais. Comprendre un peu mieux la société mexicaine, voir ce dont elle pouvait avoir le plus besoin et avoir donc une idée d’entreprise. J’ai dans l’idée de commencer un projet à Mexico en guise de stage de fin d’études. J’ai appris il y a peu que ce que je voulais mettre en place existait (presque) déjà et que l’entreprise avait reçu de nombreux prix l’année dernière donc la concurrence sera rude. Je risque donc me brûler les ailes. Mais ne vous inquiétez pas, j’en ai en rechange.
La ville de Mexico est tentaculaire et pas spécialement jolie. En même temps, sans être particulièrement chauvin, Paris reste pour moi la plus belle ville qu’il m’ait été donné de visiter. [Ah vous voyez que vous en avez de la chance !] Et pour autant je décide d’y rester, de m’y accrocher un peu plus. Et c’est peut-être justement parce que je sens que cette ville a plus besoin de moi que j’en ai décidé ainsi.
C’est aussi parce qu’après avoir connu quelques déceptions amicales, je m’entends bien avec mon coloc’. Lui-même jeune entrepreneur, cela créé une sorte d’émulation qui me va très bien.

Je vis dans un quartier très central et malgré le fait que Mexico ne soit pas trop aménagé pour ça, j’aime circuler à travers la ville en vélo. J’ai ainsi pu faire pendant une bonne partie du semestre 34km journalier pour aller à l’université. Les weekends en vadrouille que je suis en mesure de m’offrir me permettent largement de supporter la ville qui est, parait-il, la plus polluée du monde.
Je fais en ce moment le plein d’air marin malgré le fait que Playa del Carmen est actuellement envahi par les touristes, surtout américains (la plupart des magasins affichent leurs prix en dollars) et qu’il peut même y avoir du traffic. J’ai par exemple fêté le nouvel an sur une plage absolument déserte à l’intérieur d’une réserve naturelle, sans feu, sans musique mais avec toutes les étoiles possibles.
Va commencer l’un des plus gros festivals électro du monde, ce qui devrait m’offrir une toute autre ambiance. Mais pour l’instant je m’occupe de voir si je peux passer le permis, si je trouve des covoitureurs pour partager avec moi le retour en combi jusqu’à DF...la vie continue !